FAILING LIGHTS

FAILING LIGHTS

INTRANSITIVE RECORDINGS INT036

Distribution : Metamkine

CD

Forcément, jouer les gros bras au sein de Wolf Eyes, Hair Police et d’une douzaine d’autres combos plutôt agités ça fatigue. Mike Connelly a donc décider de s’accorder une petite escapade en solo sous son nom de FAILING LIGHTS : des loupiotes défectueuses comme les néons intermittents dans un film de David Lynch et qui donnent la couleur (sombre nécessairement) de cet album largement plus nuancé que la plupart de ses travaux antérieurs. Moins sidérurgique, plus rustique, l’atmosphère n’en est pas moins chargée, entre paysage sonore tourmenté et série Z pour l’oreille. Muni d’une guitare qui tache et d’une poignée de pédales d’effet, Connelly ne cherche pas à mettre dans le rouge tous les indicateurs mais s’épanche en divagations parcourues de détails, jouant sur les distorsions répétitives à l’image de “Moon on the First Hunt” où l’on croirait entendre Lee Ranaldo au gamelan. Un climat à haute teneur en adrénaline évoque ensuite le film d’horreur du samedi soir dans un drive-in au milieu de nulle part, cris de vautour inclus. “Revealing Scene” donne le départ d’une traversée imaginaire de l’Amérique rurale qui, inévitablement, se doit de mal tourner. Pas de bol, le pick-up s’embourbe en pleine nuit et une bonne radée n’arrange pas les choses, une tornade de bruit blanc finissant par tout engloutir. Plus tard, quelques notes de guitare désaccordée se laissent entendre dans la distance, blues efflanqué sur rocking-chair branlant qui, étrangement, annonce un festin de charognards au bord de l’autoroute. Pour l’annihilation des sens et l’exultation paroxysmique, il faut attendre “The Comfort Zone”, un épilogue qui replonge dans la bande son pour road movie hasardeux avant de se métamorphoser en drone monolithique (la fameuse zone de confort est-on tenté de penser) dont le vernis se craquelle en de nombreuses aspérités et contusions. Avec les moyens du bord, FAILING LIGHTS nage dans le primitivisme rugueux et fait définitivement sienne la devise des saucisses Herta : “ne passons pas à côté des choses simples”.

JEAN-CLAUDE GEVREY

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