LIVING WITH YOURSELF

MARK MCGUIRE

EDITIONS MEGO 107

Distribution : Metamkine

CD

Originaire de Cleveland dans l’Ohio, Emeralds commença d’appartenir à cette scène émergente des années deux mille dont firent également partie Tusco Terror, Leslie Keffer et Lambsbread. Sauf que si ces derniers ont toujours carrément représenté l’aspect dionysiaque du noise, Emeralds en aurait plutôt dès le début incarné la face apollinienne, et progressivement de plus en plus rêveuse. C’est même probablement ce qui a fait dire au magazine Wire, qu’avec des influences du genre d’Ash Ra (pas même Ash Ra Tempel donc, mais Ash Ra, voire son guitariste Manuel Göttsching en solo et le disque « New Age Of Erath« ) ou même Popol Vuh, influences revendiquées de manière paradoxale en pareil contexte, leur musique ressortait déjà de la « pop hypnagogique« , concept (fumeux pour certains) lancé à la suite du « réductionnisme« , et sensé décrire une musique nostalgique connectée à l’infini comme au sublime – dixit. (Le critique Joseph Stannard a épousé la cause au point de s’en faire un porte-parole depuis qu’il a découvert quelle importance révélatrice avait eu, pour lui, la chanson « Spanish Dancer » de Stevie Winwood, justement génératrice, selon lui, des sentiments évoqués plus haut, une fois remémorée). Bien plus tôt, et c’est là l’originalité d’un groupe pareil né dans les parages du noise, Emeralds incarne parfois l’idée qu’on pourrait se faire d’un Terry Riley débutant, et malgré tout sensible au bruit spasmodique d’origine industrielle. Les productions du trio, une quarantaine de cassettes et de CD-R sortis en une poignée d’années comme c’est souvent le cas dans l’underground, ont fini par aboutir aux très construits « Allegory Of Allergies« , « Solar Bridge » et « What Happened » avant que Peter Rehberg, du label Mego, ne signe le groupe, puis son guitariste Mark MCGUIRE, déjà riche en solitaire d’une œuvre tout aussi fournie que celle d’Emeralds. Ce qui travaille ici Mark MCGUIRE, ce sont des ambiances singulièrement apaisées pour quelqu’un qui a partagé un split avec le groupe japonais extrême Pain Jerk ; des ambiances dégageant globalement une impression de majesté saisissante, voire de solennité lumineuse, sans jamais sombrer dans la niaiserie des productions tardives d’un Tangerine Dream. Reconnaissons à Mego d’avoir pris une direction étonnante avec les productions
d’Emeralds, Mark MCGUIRE, Oneohtrix Point Never et Cindytalk.

PHILIPPE ROBERT

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