PENCHE UN PEU VERS L’ANGLE

X_BRANE

AMOR FATI 019

Distribution : Metamkine

CD

Bertrand Gauguet: sax alto et soprano. Jean Sébastien Mariage: guitare électrique. Mathias Pontevia : batterie horizontale. Ce disque me fait remonter la question que l’on entend souvent du « être ensemble« .
Elle est venue par le biais d’une phrase que j’avais tout d’abord écrit en introduction de l’article « Trois artisans sur leurs établis… » avec une auto-censure qui est venue aussi vite, on va croire que je trouve qu’ils ne jouent pas ensemble.
Et tout de suite l’étonnement de cette autocensure. C’est pourtant vrai que j’entends trois artisans qui peaufinent des sons. Et pourtant loin de moi l’idée qu’ils ne peaufinent pas ensemble.
Avant toute chose, dire que les sons que l’on entend ici sont très intéressants. Un traitement des sons et un positionnement dans l’espace qui garde aussi chacun bien distinct. Chacun mène bien son histoire. Des moments assez longs, construits, d’autres très brefs. Une petite chose posée là. Comme ça. Et des fois un qui construit et l’autre qui pose. Une proposition qui passe dont personne ne se saisit et une autre qui fait tout basculer.
Donc vous voyez bien qu’ils sont ensemble. J’aime bien ces ambiances ou « l’ensemble » reste une addition. Ici une addition de trois propositions qui, loin d’être autistes, savent rester suffisamment autonomes pour se laisser ou non infléchir. Exister pour ce qu’elles sont. Mais permettez-moi de revenir à cette question de l’ensemble. Elle ne fait référence à aucun vécu particulier mais aux réflexions que l’on entend souvent des néophytes ou des gens complètement extérieurs à ces pratiques sonores ou dansées ou autres.
Elles m’ont toujours étonné. Je comprends que l’on n’aime pas ou que l’on préfère faire autre chose. Mais pourquoi cette ritournelle du « mais chacun fait n’importe quoi dans son coin » ? Qu’est-ce qui fait que c’est souvent les premier mots des gens quand ils croisent ces pratiques ?
A-t-on besoin d’être rassurés au point de ne pas supporter l’indépendance? Faut-il trop de temps, d’abandon, pour se lancer dans une écoute ou un regard suffisant et entrer dans la proposition ? La longue dictature de l’harmonie des notes empêche l’émergence intérieure de l’harmonie des sons ?

BENOÎT CANCOIN

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