THE FORBIDDEN BEAT

WEASEL WALTER / SHEIK ANORAK / MARIO RECHTERN

GAFFER RECORDS GR023

Distribution : Metamkine

CD+DVD

Dans quelles mesures peut-on chroniquer un disque à peine sorti et déjà épuisé ? Pour quelles raisons ? Sacré dilemme proposé au chroniqueur. Il nous arrive parfois d’écrire sur des disques un peu tardivement après leur sortie du fait d’une périodicité papier trimestrielle (ce qui va être réparé, enfin presque, par la spontanéité des chroniques éditées instantanément sur le web). Comme premier argument, le fait que ce disque soit déjà sold-out prouverait quelque part qu’il est bon ? Je suis de cet avis et vais vous développer un peu ça, même si des disques vendus à des millions d’exemplaires ne sont pas forcément bons soyons d’accord ! Bref, on y va. Mais pour finir là dessus, vous pourrez toujours vous ruer sur leur déjà nouveau disque paru aussi chez Gaffer Records (label piloté depuis Lyon par Sheik Anorak, ici guitariste)  »bass bass bass bass », 2ème album et premier vinyle du trio. Et donc finalement sacré bonne raison de parler de ce trio frénétique emmené par WEASEL WALTER à la bio longue comme mes deux bras, on va retenir les Flying Luttenbachers, et surtout à la batterie, MARIO RECHTERN,  »septuagénairissime » saxophoniste, et donc SHEIK ANORAK à la guitare. Un CD accompagné d’un DVD dans un magnifique digipack, CD sur lequel on retrouve une prise live au Ainu Fest de Montaigu le premier mai 2009, et un DVD d’une prise live lyonnaise au Grrrnd Zero captée quelques jours plus tard. Évidemment c’est l’autoroute free jazz mais avec quelques impromptus arrêts rock passés à la moulinette, avant de reprendre pied au plancher cette autoroute très new-yorkaise. Même dans ses stops, les influences du free bordélique de là bas ne sont pas sans rappeler certaines formations comme le Diskaholics Anonymous Trio. Avec aussi un accent no-wave non déplaisant. Ce trio n’est vraiment pas banal. Il a ce quelque chose que les autres n’ont pas, pourrait-on dire. Cette volonté hargneuse d’en découdre sans être agressif, de vouloir faire des compromis mais pas trop non plus. Subtilité et inventivité. Telle est pour moi leur marque de fabrique. Me rappelle l’enthousiasme, free un peu plus traditionnel mais non moins efficace, que m’a procuré le disque d’un autre trio, The Ames Room,  »In ». On se prend même à la toute fin de ce  »Forbidden beat » en trois actes, à repenser à Hovercaft, rock lourd et répétitif, un poil doom avant la vague actuelle, et leur très bel album de 1996 Akathisia. Ça fait donc pas mal de raisons de se pencher sur ce power trio ne trouvez vous pas ?

CYRILLE LANOË

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