EYECATCHER – MAN WITH A MOVIE CAMERA/VERTOV SOUNDS

MICHAEL NYMAN

VERTOV SOUNDS

MN RECORDS MNRCD118

Distribution : Abeille

CD

ART ZOYD

EYECATCHER – MAN WITH A MOVIE CAMERA

IN-POSSIBLE AZ2011

Distribution : Orkhêstra

2CDS

Ces deux productions récentes ont pour point commun l’écriture et la réalisation d’une musique sur des films du pionnier russe du cinéma muet qu’était Dziga Vertov. Nous rappelons par ailleurs à nos lecteurs l’existence d’un autre film de Dziga Vertov, mis en sons par lui-même, Entuziazm /Simfonija Donbassa*. 
L’Homme à la Caméra reste l’œuvre la plus connue de ce dernier et a souvent été sonorisée par des musiciens des scènes contemporaines, parmi lesquels on peut rappeler Un Drame Musical Instantané (1984) et Pierre Henry (1994). On peut noter que Michael NYMAN avait fait de même (en 2002)  
Après la mise en sons des films de Murnau (Faust, Nosferatu), de Christensen (Häxan), de Lang (Metropolis) et d’Epstein (La Chute de la Maison Usher), la formation nordique se lance donc dans cette nouvelle aventure. Créée en 2007, l’enregistrement en est enfin disponible. Très réaliste, la bande-son créée par ART ZOYD relève elle aussi de l’expressionnisme voire du constructivisme. En effet, au-delà de l’esthétique musicale qui caractérise la formation, le découpage du film en trentaine de séquences/index offre une variété de transcriptions sonores captant l’effervescence d’une ville soviétique (Odessa ?) des années 20, usant souvent de sons enregistrés, renvoyant aux surimpressions, superpositions et autres accélérés ou ralentis, adoptant ainsi dans la composition la théorie du Ciné-Œil propre à Vertov. D’une certaine manière aussi, l’emploi du violon Stroh (à pavillon), du thérémine (depuis plusieurs années toutefois) et des ondes Martenot (avec Nadia Ratsimandresy), inventés soit avant la première guerre mondiale (le violon à pavillon) ou durant la décennie suivant celle-ci (1919 pour le thérémine, 1928 pour les Ondes Martenot), participe de la temporalité du film tout en offrant une nouvelle gamme de sons et de timbres. L’enregistrement de cette bande-son est accompagné d’un second CD réadaptant cette partition (Eyecatcher 1) à trois propositions vidéo de Cécile Babiole, reprenant l’idée de Ciné-Œil, un Eyecatcher 3 plus court associant images de synthèse pilotées en temps réel à une courte séquence électronique due à Laurent Dailleau. Plus éloignée de ce concept, la petite collection de rêves étranges et pièces plaisantes offre une instrumentation différente, incluant de nouveaux intervenants, Ulrich Krieger au saxophone, Carol Robinson à la clarinette. Cette dernière apporte d’ailleurs à la musique d’ART ZOYD quelques sonorités plus apaisées, plus légères, associées aux sons cristallins de Jérôme Soudan. 
L’enregistrement de Michael NYMAN se rapporte à deux autres films, antérieurs à l’Homme à la Caméra, A Sixth Part of the World (1926) et « The Eleventh Year » (1928). L’éditeur de la version vidéo** en est le commanditaire. L’enregistrement audio se présente comme un montage alternant les séquences issues des deux films et pour l’auditeur, cela apparait comme une seule œuvre. Difficile alors d’y retrouver une approche particulière à chacun des deux films sinon que l’instrumentation du second (The Eleven Years) est quelque peu plus légère et la musique un peu moins oppressante, que celle du premier (A Sixth Part of the World). D’autant plus Michael NYMAN a écrit ses bandes-sons pour son orchestre habituel, laissant peu d’ouverture à des recherches de sonorités plus expressives.
*version vidéo Edition filmmuseum 01 – version audio sur le double CD Baku: symphony of sirens. ReR RAG 1&2
**version vidéo Edition filmmuseum 53

PIERRE DURR

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