SILENCE SUBMARINE

BARDOSENETICCUBE / LIEUTENANT CARAMEL

MONOCHROME VISION MVFORUM

Distribution : Metamkine

CD

Un très beau voyage que nous proposent Bardoseneticcube et Lieutenant Caramel. Deux vétérans au bon sens du terme, des musiques exploratrices des vingt cinq dernières années. Chacun à leur manière. Deux visions qui s’entrechoquent pour notre plus grand plaisir. Une post-indus fine d’un côté, mais avec un sacré coffre. Une électro-acoustique énervée de l’autre. Une longue balade vertigineuse, à l’image du titre d’ailleurs. Les bas fonds sont caressés, toujours dans le bon sens du terme, pas toujours dans le bon sens du poil. Ça racle, ça s’active, ça s’agite, dans un malstrom parfois puissant, aux assauts de voix dynamiques, de bandes répétitives noise. Ce sur la première pièce du disque, celui-ci étant scindé en deux parties appelées « Before death, they yell » et « After death, the soul flies » ». D’autres incursions s’aventurent sur les rythmes électroniques glacés chères à Alva Noto ou encore Pan Sonic. Et se posent tranquillement dans cet univers personnel qui retourne vite à ses premières amours, les manipulations de bandes. Les voix y ont toujours la part belle, les sonorités métalliques sont en avant, les traitements numériques s’affolent, de drôles de bandes au clavecin viennent arroser le tout dans un humour assez décalé qui sait me plaire. L’acousmatique vient mettre son grain de sel sur le quatrième index de la première partie. Respiration agréable, avant de replonger dans de longs bourdonnements et micro événements parfois proches de ceux de Steve Roden. Des chants populaires se croisent, des voix radiophoniques dada/lettristes se distinguent, avant d’être brouillées par des chuintements analogiques psychés, voire krautrock, dans un montage proche du travail d’Yves Daoust sur Empreintes Digitales. Les amateurs du label apprécieront d’ailleurs. La deuxième pièce se donne le temps, 25 minutes environ, pour ingurgiter un piano comme chez Ezramo (tiens donc) ou (encore une fois décidément) chez Vitamin b12, des cordes lancinantes, des sondes analogiques qui explorent la palette de fréquences aigües. Le malaise rode, les voix se font déchirantes, une vraie BO de série Z cette fin de disque. Ce qui me fait définitivement l’aimer.

CYRILLE LANOË

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