SOIS PATIENT CAR LE LOUP

CATHERINE DELAUNAY

LES NEUF FILLES DE ZEUS 9FZ201101

Distribution : Autodistribution

CD

Cela aurait pu être un enregistrement de John Greaves, tant sa voix, le timbre de celle-ci, son accent gallois au service de textes en français et anglais irradient cet enregistrement. Projet de la clarinettiste et accordéoniste Catherine DELAUNAY, cette transcription musicale de poèmes de Malcolm Lowry, natif du Cheshire, comté voisin du Pays de Galles et qui fut aussi résidant en France (dans les années 30, durant lesquelles il fréquenta entre autres Cocteau), ne pouvait en effet trouver de meilleur interprète bilingue, capable d’exprimer les mots d’une personnalité tourmentée. 
Catherine DELAUNAY, quoique ayant débuté sa carrière de musicienne et de compositrice dans le cadre des musiques dites sérieuses (avec quand même des études dans la classe de Jacques Di Donato !), se tourne davantage vers le jazz et la musique improvisée. Elle conçoit ses propositions musicales comme autant de spectacles, ses prestations avec ses différents groupes incluant un décor particulier. Ce qui fut le cas d’ailleurs lorsque ce « Sois patient car le loup » avait tourné la saison dernière. Un décor qui n’était pas sans rappeler – avec certes un contexte différent – les prestations d’Henry Cow : lampadaires, bars, etc. en liaison avec les textes de l’écrivain britannique, inspirés par ses errances à travers le monde, au Mexique notamment (Delirium à Vera Cruz), ses penchants pour l’alcoolisme (prière pour les ivrognes) ou l’univers des marins (la mouette aux ailes glauques, le retour du pêcheur). 
Le choix d’une instrumentation sobre et raffinée participe de la délicatesse de la mise en sons de ces poèmes et épouse pleinement l’ambiance à la fois glauque, joyeuse et brumeuse de l’œuvre du romancier britannique : la clarinette virevolte, prend parfois des accents mélancoliques, l’accordéon, la harpe (servie par Isabelle Olivier) peuvent se faire aériens, comme dégagés des contingences terrestres ou telles les vapeurs d’alcool, le trombone de Thierry Lhiver se fait chaleureuse, la contrebasse de Guillaume Séguron épouse les émotions.

PIERRE DURR

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