THE UNLEARNING

THERESA WONG

TZADIK TZ 7725

Distribution : Orkhêstra

CD

Si dans la série « compositeurs », le label de John Zorn présente souvent des œuvres pour orchestre de chambre ou pour des instruments à cordes sympathiques, mais assez rarement exaltantes, sa série consacrée aux musiciennes souffre rarement de cet écueil. Et cet enregistrement de la violoncelliste d’origine italienne et résidente de la Californie est pour le moins prenant et habité d’une réelle émotion. 
Quoique son nom soit encore peu connu, le parcours de Theresa WONG, assez récent (ses premiers enregistrements datent d’une demi-décennie) s’est déjà effectué aux côtés de Fred Frith, Ellen Fullman, le ROVA… Dans cet « the unlearning », premier enregistrement sous son nom, elle est accompagnée par la violoniste Carla Kihlstedt, toutes les deux par ailleurs à la voix. Elle nous propose une suite de 21 pièces relativement courtes, tels des haikus sonores (moins de la moitié dépassent les 2 minutes) inspirées par Les Désastres de la guerre, un corpus de 82 gravures à l’eau-forte du peintre Francesco de Goya, réquisitoire contre les exactions des armées napoléoniennes et ses conséquences entre 1810 et 1820, mais dont la vision est confrontée aux pensées, attitudes et croyances contemporaines. 
Les compositions de Theresa WONG se meuvent dans un entre-deux mêlant une écriture presque classique tout en s’exprimant dans un champ (chant) plus pop et d’une pratique instrumentale plus improvisée. L’utilisation des voix est parfois assez étonnante par la variété de leur approche. Bury them and keep quiet s’inscrit étonnamment dans l’univers vocal de Dagmar Krause au sein d’Henry Cow. Certains effets de voix, notamment le dialogue d’onomatopées dans Proud Monster !, se rapprochent davantage d’une pratique contemporaine ou improvisatrice. Elles alternent, à la voix comme avec leurs cordes, unisson et confrontation, attaques sèches ou développements plus modulés, pizzicato ou notes plus étirées à l’archet, individualisant ainsi chacune des 21 compositions, chacune apparaissant comme un concept complet, quel qu’en soit sa longueur.

PIERRE DURR

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