KAMÜRA / NO.9

YANG JING; CHRISTY DORAN

NO.9

LEO RECORDS LR 662

CD

HENRY KAISER / TORSTEN MÜLLER / RANDY RAINE-REUSCH

KAMÜRA

ZA DISCSN-15

CD

Outre le souhait des musiciens de se confronter entre eux, le point commun de ces deux enregistrements est de proposer un partenariat entre la guitare et – principalement – des instruments à cordes extrême-orientaux. Dans le premier cas, le guitariste américain, flanqué d’un contrebassiste, articule son travail autour de divers instruments orientaux (biwa, ajeang, zheng, ) servis par RAINE-REUSCH (ce dernier utilise toutefois aussi un orgue de bouche laotien, le khaen, sur un titre ou le changgo, un instrument de percussion coréen!)
« No.9 » oppose de manière plus directe la joueuse de pipa chinoise YANG JING et le guitariste helvético-irlandais Christy DORAN, compagnon de route d’un autre Irlandais, expatrié en Suisse depuis les années 70, John Wolf Brennan.
S’agit-il dans les deux cas de cette éternelle recherche east meets west déjà initiée dans les années 60 (on se rappelle le Jazz meets India, du trio SCHWEIZER en 1967 et récemment réédité en CD !) lorsque le jazz se confrontait à la musique asiatique ? Il y a un peu de cela dans le duo entre le pipa, luth chinois (voire le guqin, cithare chinois) et la guitare électrique de Christy DORAN, qui garde quelques phrasés proches du jazz. Le duo dépasse toutefois cette approche stylistique, dans la mesure où le jeu du guitariste travaille aussi les sonorités pour mieux se marier avec celles, plutôt délicates, des instruments de sa partenaire. Si le résultat est intéressant, il s’apparait toutefois un peu artificiel, comme s’il s’agissait d’un exercice de style, sauf lorsque le guitariste emprunte des sentiers plus évanescents, proches des déambulations sonores un peu méditatives, instants de vraies communions auxquelles l’auditeur adhère volontiers. On trouvait plus d’unité dans la confrontation de la musicienne chinoise avec le percussionniste Pierre Favre il y a près de huit ans*. 
C’est aussi un travail sur les sonorités et les textures qui sous-tendent Kamüra; et Randy RAINE-REUSCH, s’il n’en est pas l’initiateur, en est toutefois le pivot. Musicien canadien, il s’est très tôt spécialisé dans l’approche d’instruments utilisés dans les musiques ethniques. S’il privilégie ici l’apport des cultures de l’Asie du Sud-Est, on lui doit aussi des recherches sur le didjeridoo, le dulcimer et il lui arrive de proposer son concours dans des réalisations très différentes (aussi bien avec Pauline Oliveros qu’avec Aerosmith, les Cranberries ou Yes!). Dans le cas présent, c’est un travail plus libre qui nous est offert ici, plus dense aussi du fait du jeu d’Henry KAISER sur la guitare électrique, et qui ne cherche à faire référence, ni aux traditions extrême-orientales, ni aux musiques occidentales. Plutôt de l’improvisation pure, plus ou moins construite, explorant diverses combinaisons instrumentales, diverses manières de traiter le son et les instruments, en un sens, plus expérimental.
*Two in One Intakt 114

PIERRE DURR

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