LE VIDE PARFAIT / À LA PLAGE / HAVRES

GABRIEL LEDOUX

LE VIDE PARFAIT

ACTE01

CD

HÉLÈNE PRÉVOST

À LA PLAGE

TOUR DE BRAS TDB9009CD

CD

SYLVAIN CAMPEAU / CHANTAL DUMAS

HAVRES

AUTOPRODUCTION

CD

Encore la scène québécoise… D’un côté un jeune compositeur à la fois initiateur d’une compagnie produisant des spectacles multimédias et co-fondateur, avec Simon Chioini, du label Acte, d’autre part deux artistes sonores, la première impliquée depuis longtemps dans la scène des musiques nouvelles, surtout en tant que productrice radiophonique (elle est responsable de plusieurs créations, souvent enregistrées déjà, d’autres musiciens) et longtemps animatrice à Radio-Canada, la seconde productrice de pièces radiophoniques.
Le premier nous offre deux suites aux titres énigmatiques (« Les poissons solubles ont peur du vide », « Le rouge des crépuscules n’est qu’un détour à noyer ») marquées par la combinaison entre éléments de musique électroacoustique, improvisations instrumentales et vocales, utilisation d’enregistrements, notamment d’événements politico/médiatiques (siège de Waco, tuerie de Colombine, suicide collectif de Jonestown, snipers à Kiev…)… des suites qui alternent phases chaotiques, parcourues de stridences (I’m a violent revolutionnary, part 1), de riffs de guitares ((——-) ###) et quelques instants plus humanisés, plus calmes, presque vides… L’enregistrement s’accompagne d’un petit livret proposant des réflexions/digressions sur la notion de vide (et les poissons rouges), de symphonie, d’événements tragiques et l’opportunité de les utiliser dans la création… Comme pour aider l’auditeur à mieux décrypter le sonore. 
Quoiqu’ayant déjà collaboré à certains enregistrements (de Claude Schryer en particulier) il y a près de vingt ans, ce n’est finalement qu’assez récemment qu’Hélène PRÉVOST s’est engagée dans des créations personnelles plus régulières, comme en témoignent quelques pièces sur diverses compilations (Musicworks 104, par exemple), ou sa participation aux projets Montréal/Victoriaville, matière sonore* et A la plage constitue le premier recueil entièrement sous son nom. Cela pourrait être La plage, matière sonore. Encore que ce ne soit qu’un jeu de mots, la plage étant à prendre ici au sens d’espace enregistré. Il y en a dix. Dix plages donc ! Chacune proposant une combinaison propre de sons, issus de bruits, de voix, d’instruments, de nature diverses, offrant chaque fois des climats divers, tourmentés, oniriques ou inquiétants, parfois proche du silence (plage 09)…
On finira cette chronique avec l’évocation de Havres, une courte (17.35 min.) collaboration entre un poète (Sylvain CAMPEAU et Chantal DUMAS. Cette dernière fut d’ailleurs aussi une des artistes impliquées dans l’aventure de Montréal ou Victoriaville Matière Sonore, mais a un parcours de créations personnelles plus anciens. Ici, elle propose une bande sonore pour la mise en sons d’un poème, basé sur un quartier péninsulaire de Montréal, la Cité du Havre, en bordure du St Laurent, décliné en français, en Irlandais et dans la langue mohawk des amérindiens du lieu. D’où plusieurs récitants, et une bande-son évocatrice aussi bien d’une certaine quiétude (celle du parc) que de son histoire et de ses diverses communautés.
*respectivement Montréal, matière sonore Pogus P21041-2 et Victoriaville, matière sonore VICTO113

PIERRE DURR

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