WWH 34

radio renversée : entre critique sociale et expérimentation sonore

Conçue et réalisée par Elena Biserna et Carole Rieussec
Graphisme et mise en ligne : Lionel Palun

Novembre 2020 : nous sommes à nouveau confiné·es. En réfléchissant à comment continuer à tisser des liens via wi watt’heure, nous nous sommes tournées encore une fois vers la radio : un medium qui, pendant le premier confinement, a montré plus que jamais sa capacité à bâtir des espaces autonomes, auto-organisés et connectés dans une situation d’isolement forcé. 

radio renversée est l’un de ces espaces, né de la rencontre entre la chercheuse indépendante, autrice et productrice Juliette Volcler et l’artiste sonore et compositrice électroacoustique Aude Rabillon à partir de leur engagement dans d’autres réseaux collectifs : l’Acentrale et les Sons Fédérésradio renversée émet depuis le 28 avril 2020 sur la plateforme hybride p-node et sur un réseau de radios libres en France. En articulant des prises de parole de collectifs, chercheur·es ou militant·es avec des pièces sonores d’artistes, musicien·es, auteurs et autrices, radio renversée se met dans une posture d’écoute, en tendant le microphone vers des voix, des sonorités, des bruits qui restent souvent en dessous du seuil de l’audible. En ce faisant, radio renversée active à chaque épisode des espaces d’écoute critique pour renverser des notions ou des formes d’oppression : l’état d’urgence sanitaire, le validisme, le travail gratuit… jusqu’au féminisme. 

11 décembre 2020 : vers la fin de ce deuxième confinement nous avons rencontré Aude et Juliette en visioconférence pour une longue conversation. Nous avons discuté des envies qui les ont amenées à produire radio renversée, de la radio comme forme de lutte et d’intervention, des leurs modalités d’écoute et de fabrication, des moyens de production, des personnes et des collectifs qui se sont croisés le long des différentes émissions, de la notion de renversement et de l’écoute comme des outils pour générer un « décentrement » permanent. La radio devient pour elles « un maillon dans la transmission de l’énergie des luttes sociales » et un espace d’écroulement des valeurs et des hiérarchies qui sont le fondement de différentes formes de domination. Elles cherchent à être « atteintes, déconcertées en permanence » par ce qu’elles sont en train d’écouter et de produire, à la recherche d’un changement, pour « mettre le monde à l’endroit ».


wi watt’heure #34 se met à l’écoute de radio renversée et propose un montage entre cet échange à distance et des extraits d’entretiens et de musiques pour rendre compte de cette énergie.

Avec des paroles du collectif handiféministe Les Devalideuses, de la sociologue Maud Simonet, des transactivistes et chercheuses Carine Espinera et Maud Yeuse Thomas, du collectif afroféministe Mwasi sélectionnées des différents épisodes de radio renversée
Et, en ordre d’apparition :
Vivir Quintana accompagnée par El Palomar, Cancion sin miedo, 2020. 
Ka Baird, Spiritus operis (Respires, 2019).
Natalia Borissova, Alexanderplatz, Tunnel under the s-bahn tracks (Aporee, 2010, CC by sa). 
Yeter Akyaz, Extrait de Démolition en cours (la Castellane, Marseille, 2010).
Pamela Z, Nemiz (A delay is better, 2004).
AGF, Extrait de Unlistening White Feminism, 2017
Ka Baird, Pulse (Respires, 2019)
Radio Canut, extrait de la lecture à 7 voix des Guerrilières de Monique Wittig (2020)
Crédit image : Labri Mustapha.

Tous les épisodes de radio renversée sont à l’écoute sur le site web : https://www.intempestive.net/radio-renversee

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