SOLO SONGS FOR INSTRUMENTS / AFORISMEN=AFORISME=AFORISMES

Baars / Dumitriu / Henneman / Sola

Aforismen Aforisme Aforismes

EVIL R

CD

Ig Henneman

Solo Songs for Instruments

STITCHING WIGWIG 31 – 2020-
CD

Compositrice, violoniste et altiste néerlandaise, Ig Henneman s’est fait connaître assez tardivement au sein de la scène des musiques improvisées bataves. Comme instrumentiste, elle s’est souvent produite ces dernières années avec le saxophoniste/clarinettiste Ab Baars (comme en témoigne d’ailleurs l’enregistrement sur Evil Rabbit Records), et a participé au trio canadien/néerlandais Queen Mab, aux côtés de Marilyn Lerner et Lori Freedman. Dans Solo Songs for Instruments, elle ne joue pas elle-même. Ces chants pour instruments, qu’elle travaille depuis déjà plus de cinq ans, sont basés sur de courts poèmes (presque des haïkus), écrits par Emily Dickinson, Ingeborg Bachmann, Anneke Brassinga, Sarah Lawson et Nanao Sakaki (seul homme dans cette aventure), et l’interprétation en est confiée à cinq musiciennes solistes, issues aussi bien de la scène classique (la violoncelliste Lidy Blijdorp) que du milieu de la musique contemporaine (la violoniste Diamanda La Berge Dramm a joué certaines œuvres de Christian Wolff ou d’Alvin Lucier, l’altiste Elisabeth Smalt a enregistré avec If, Bwana, Yannis Kyriakides et s’est spécialisée dans les œuvres microtonales…), mais aussi du monde de l’improvisation (Anna Voor de Wind s’est produite avec l’Orquesta del Tiempo Perdido, et la bassoniste Dana Jessen émarge auprès d’Anthony Braxton, George Lewis, Ingrid Laubrock). Toutes adoptent une démarche singulière dans l’interprétation ouverte d’une œuvre écrite, y insérant, au milieu ou à la fin, selon leur cheminement et ressenti, le poème qui leur est dévolu, chanté, parlé, voire simplement susurré…
On retrouve Ig Henneman en tant qu’interprète dans une improvisation datant de juin 2019, justement en partenariat avec Ab Baars (ici au shakuhachi et à la clarinette), mais aussi avec deux nouveaux venus, l’un originaire de Roumanie (George Dimitriu, alto et violon) et l’autre de Catalogne* (Pau Sola Masafrets, violoncelle), ce qui confirme l’attraction, déjà évoquée, de la scène amstellodamoise pour les improvisateurs. Cette rencontre en quartet n’est nullement démonstrative, ni bavarde, ni tonitruante. Et loin d’un exposé de longues tirades, elle est plutôt impressionniste, aux effets grouillants, comme pour mieux souligner une description de nature, (ou plus précisément du sol des trois pays d’origine des interprètes) : peut-être âpre, parfois sauvage, faite de tourbes, de bruyères violettes, de zones humides, de dunes, de steppes où affleurent ardoise, tchernoziom… mots qui dans une langue ou une autre, constituent les intitulés des 11 pièces. Le jeu des musicien.ne.s peut être dynamique, chatoyant et volontaire, parfois furtif, en usant de divers effets (pizzicatos, longs glissements des cordes…).

* Oui, Catalogne et non Espagne, certains intitulés des morceaux renvoyant au catalan…


PIERRE DURR

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