
Depuis quelques années – une dizaine, environ – Eliane Radigue connaît une popularité assez exceptionnelle, tant de la part des institutions officielles (elle a été l'invitée du Festival d'Automne en 2013), que d'un public plus jeune, venant des musiques plus libres, expérimentales, d'avant-garde ; fait étonnant pour une compositrice déjà âgée, puisque née en 1932, surtout si on considère que jusqu'alors son activité avait été pour le moins discrète.
Dans la suite de nos interrogations sur "filmer la musique, filmer les musiciens", nous aurons dans ce numéro non pas un entretien, mais quatre. Quatre entretiens en regards avec des réalisateurs de divers horizons et œuvrant dans des champs différents.
Anaïs Prosaïc vient de la télévision et si elle a réalisé plusieurs documentaires sur des musiciens, Eliane Radigue - L’écoute virtuose est le seul dans sa filmographie sur une musicienne "expérimentale".
Laurence Petit-Jouvet réalise aussi des documentaires, sans la télévision, traitant plutôt du social, et Off the road sur Peter Kowald est son seul film avec un musicien.
S’il y a un dénominateur commun à ces deux projets, c’est une rencontre humaine forte avec la ou le musicien.
Très différents, Marc Siffert et Sam Harfouche, outre qu’il s’agit là d’un duo, ne font pas le métier de réalisateurs. Marc est même plus souvent contrebassiste que réalisateur, Sam manie la vidéo mais dans un artisanat. C’est la passion de la musique improvisée qui les amène à réaliser des films : Road Gig, avec Otomo Yoshihide, ou The Workman, avec Barre Phillips.
Quant au film de Marie-Noëlle Brun et Martine Alibert, Musique Action 96, il n’évoque pas un musicien, mais un courant musical. Marie-Noëlle Brun, auditrice assidue de Musique Action depuis ses débuts, est connaisseuse des expérimentations musicales. Elle-même metteuse en scène, au sein de sa compagnie Vents d’Est, sa réflexion autour de la relation entre image et son dépasse le théâtre pour des œuvres multimédia, des installations interactives, des performances. Son film, sous le prétexte du festival Musique Action 96, évoque une pratique musicale : il n’y a pas une seule personne présente dans le film, il réunit de nombreux musiciens, et rend compte de la notion collective de ces pratiques.
Compilation Forerunners – Swedish Electronic and Concrete Music 1955-65, CD, Fylkingen Records. Lars-Gunnar Bodin : Clouds, CD, Fylkingen Records. Sten Hanson : Text-Sound Gems & Trinkets, CD, Firework Edition. Atsushi Reizen : Reizen, LP, Fylkingen Records. Daniel Rozenhall : Rozenhall, CD, Fylkingen Records. Roberta Settels : Isolation ! Meinhof in memoriam, LP, Music in Crisis. Phill Niblock : Touch Five, 2xCD, Touch. Alvin Lucier/Decibel : Still and moving lines, CD, Pogus. Alvin Lucier : Orchestra Works, CD, New World Records. Antoine Chessex : Selected chamber music Works, 2009-2013, CD, Tochnit Aleph. Transistor : The Din of Eon, LP, dautrescordes. Reinhold Friedl/Franck Vigroux : Tobel, CD, Alamuse. Cédric Dambrain : Subjective Slave, CD, Roughledge. Doneda/Kocher : Le belvédère du rayon vert, CD, flexionrecords.
Musique action, ce rendez-vous incontournable, existe depuis 1984, tous les ans, sauf en 2009 où il fut remplacé par Stand by mai. Chaque année, ce sont pour nous auditeurs, des émotions esthétiques dans un parcours qui promène nos oreilles entre musiques écrite et improvisée, acoustique et amplifiée, électroacoustique (acousmatique ou live électronique) ou théâtre musical, et aussi toutes sortes de rencontres entres les différentes disciplines (musique, danse, images, texte, lumières…).
Et on se permettra de penser que ce festival a réellement nourri toute une génération, tout un public et a permis à de nombreux projets artistiques de voir le jour.
"En m’autoproclamant DJ transdisciplinaire ou entremêleur, j'exécute plutôt un geste poétique, mais je ne me situe pas dans un champ précis. J’aime beaucoup le concept Fluxus d’art-jeu. J’aime jouer, tout simplement : avec les sons, avec les notes, les rythmes, les mots, avec les formes en général et aussi avec les idiomes. Parfois, je me sens vraiment à ma place sur scène, au sein d’une formation musicale ou en solo. J’ai la même sensation chez moi quand je retravaille sur mes prises de sons et que celles-ci en fécondent d’autres."