MUSIK FÜR SAMMLUNG #2

MICHAËL BARTHEL

RECORDINGS FOR THE SUMMER

CASSETTE

Le 29 mai 2010, Michaël BARTHEL jouait à NK, à Berlin, dans le cadre d’une soirée de poésie sonore. Raionbashi jouait également, Dylan Nyoukis refermait la soirée. Les performances publiques de Michaël BARTHEL sont devenues assez rares. À la fin des années 90, il tournait surtout avec The Nautilus Deconstruction, projet solo noise prolifique qu’il a depuis stoppé et considère un peu sans le dénigrer comme son adolescence de la musique. « Musik für Sammlung #2 » est l’une des dernières sorties de Recordings For The Summer tenu par Michaël BARTHEL lui-même. Comme il ne saurait plus dire combien de disques il a sorti depuis dix ans sur son label, disons que toutes les sorties ne tiendraient plus dans un salon. Au fil des années Recordings For The Summer s’est construit une solide réputation par des sorties de musiciens plus ou moins obscurs de la scène improvisée, mais surtout par ses « pochettes » improbables, faites de récupération en tout genre, chaque disque se transformant en sculpture à poser au sol ou à accrocher au mur, occupant toujours plus d’espace. Peints en blancs, on les aurait dits tout droit sortis de l’atelier de Twombly ou de Malaval.
BARTHEL ne cherche pas à faire fructifier son talent. Il sort parfois des disques, surtout des cassettes, parfois pas, lorsqu’il en a envie ou juste le courage, puis s’arrête pour se concentrer sur d’autres projets dont sa galerie à Leipzig. Puis un jour, il se remet à sortir six cassettes, une poignée de copies, la plupart pour ses amis.
L’une des faces de cette nouvelle cassette est cette performance vocale étrange qu’il avait donnée à Berlin ce soir-là : dix minutes d’exercices phonétiques tels qu’il lui a fallu en pratiquer dans sa jeunesse, relecture et réenregistrements successifs de sa propre voix sur des walkmans relisant en boucle les mêmes phonèmes, jusqu’à l’ennui le plus intense : un tube de l’été. L’autre face est également un soliloque, une Ursonate étouffée, donnée dans un espace réduit, en huis-clos, au terme duquel les oiseaux du jardin finissent par communiquer avec le son strident d’un cornet surgi de nulle part. Michaël BARTHEL est comme le Velvet Underground, il donne envie de faire de la musique.

BENJAMIN LAURENT AMAN

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