XXXII° CONCORSO INTERNATIONALE LUIGI RUSSOLO

COMPILATION

MONOCHROME VISION MV33

Distribution : Metamkine

CD

En mars dernier, le festival Le Bruit de la Neige, d’Annecy avait organisé, en collaboration avec la fondation Luigi Russolo de Varèse, le concours international de création électroacoustique. L’éditeur russe, Monochrome Vision a décidé de présenter 13 œuvres sélectionnées parmi la soixantaine d’œuvres en compétition, sous forme d’un double CD. Le contenu du 2e CD, sous-titré l’ »Air du temps » – The « in » side présente quelques œuvres retenues pour leur intérêt, le premier étant uniquement dévolu aux œuvres primées et aux lauréats de la compétition dont le thème était la ville, existante ou imaginaire, qui rappelle celui du sixième concours d’art radiophonique (« villes manifestes« ) de la Muse en Circuit en 2004.*
Le choix de la plupart des récipiendaires apparaît assez curieux, s’il ne fallait privilégier la thématique qu’au sens strict de son intitulé. En effet, les quatre premières œuvres semblent s’attacher davantage à l’imaginaire qu’à une figuration sonore de la réalité, un imaginaire en liaison – pour certains – avec les métamorphoses, les changements de saisons, sinon d’univers. « Vertumnus » (du compositeur chypriote Elia Marios Joannou) n’est-il pas le dieu du passage de la floraison à la fructification ? En même temps « Spring Relaps » du Russe Sergy Khismatov s’attache à monter une forme d’échappatoire d’un univers urbain obsédant vers une nature virtuelle. Un peu comme si l’air du temps (le développement durable qu’on met à toutes les sauces) présidait à l’élaboration des œuvres et/ou du choix du jury. En d’autres termes, la ville ou sa métamorphose n’est plus la « Métropolis » stressante, voire inhumaine, et les différentes contributions déclinent finalement des espaces sonores plutôt oniriques et poétiques (revendiqués par la québécoise Valérie Delaney dans « La cité de verre » inspirée par Isaac Asimov : entourée de ces murs translucides, je descends l’escalier qui mène à son cœur), parfois attrayants et ponctués chez certains compositeurs d’inserts et de collages, certes discrets, plus réalistes tels les bruits de pas, de circulation, de mélopées orientalisantes captés à Istanbul** (« Schatten« , de l’Allemand Sebastian Peter), quelques voix diphoniques (chez Sergy Khistamov), des rires (Valérie Delaney). Seule peut-être, « signes vers l’autre« , la composition de l’Espagnol Joan Bages Rubi transcrit une vision plus pessimiste, voire tourmentée de l’homo urbanus.
* Le thème de l’édition 2 011 est lié aux Armes d’Éros (cf. www.studioforum.net/festival.html)
** Istanbul apparaît aussi sur le 2e CD avec « Wandering around the city » du compositeur turc Erdem Helvacioglu, version sans doute alternative de son « A walk through the bazaar »

PIERRE DURR

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