LIGHT AND SHADE / BLIND HORIZONS

CAROLYN HUME / KATJA CRUZ

LIGHT AND SHADE

LEO RECORDS LR 618

Distribution : Orkhêstra

CD

FOURTH PAGE

BLIND HORIZONS

LEO RECORDS LR 619

CD

Depuis une dizaine d’années, la pianiste britannique Carolyn Hume aligne les enregistrements chez Leo. Parfois en soliste (1CD), le plus souvent en duo avec le percussionniste Paul May (5CDs), voire en trio violoncelle/voix. La musique qu’elle distille est assez minimale, mélodique, inspirée, parfois évanescente, à la fois propice au recueillement mais aussi à un environnement sonore de luxe, dans l’esprit des musiques d’ameublement chères à Satie et à Brian Eno. C’est peut-être pour cela que ces enregistrements n’ont jamais été vraiment pris en considération dans ses pages. Le cas de la chanteuse autrichienne est un peu semblable. Sa voix, intéressante, n’est pas exceptionnelle, et ses dérives vers la culture du tango (« Mi corazon ») nous laissent plutôt froid, alors que ses tentatives d’improvisation, particulièrement dans « primeval sounds of the world », suscitèrent la curiosité de l’auditeur exigeant.
La rencontre des deux est pour le moins séduisante, par sa délicatesse, son atmosphère suave et feutrée faite de murmures, d’effets de voix à peine susurrés et sans mots, de notes de piano se mouvant doucement, telles des ondes aquatiques à peine perturbées par de légers souffles de vent. 
Dans FOURTH PAGE, l’auditeur retrouve la pianiste, en compagnie de son partenaire habituel, Paul May. Le duo est devenu un quartet intégrant un bassiste, Peter Marsh et un guitariste, Charlie Beresford, qui au passage chante et use aussi d’un khaen, orgue de bouche d’Asie du Sud-Est.
« Blinds Horizons » est en fait la seconde réalisation de ce quartet après la courte (une quinzaine de minutes) mise en oreille que fut, quelques mois auparavant « along the weak rope » (Forwind FWD05). Si la formation déploie une musique dans le droit fil des autres enregistrements de la pianiste, celle-ci se développe dans un environnement encore plus épuré, sous forme de chants improvisés là aussi à peine susurrés et languissants. Ici, la magie opère pleinement et l’auditeur se laisse bercer par les gouttes sonores que constituent les notes du piano, les interventions discrètes des percussions, le background reposant d’une contrebasse délicate, l’utilisation parcimonieuse de la guitare acoustique, au service ou non d’une voix délicate pleine d’émotions rentrées pour célébrer une liturgie qui relèverait presque de la caresse érotique.

PIERRE DURR

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