PLAYS DYLAN & EISLER

DEEP SCHROTT

POISE RECORDS POISE RECORDS 19

Distribution : Autodistribution

CD

Dans leur premier opus, paru en 2010, ce quartet de saxophones basses qu’est DEEP SCHROTT avait, en plus de ses propres compositions, repris certains thèmes des groupes rock du tournant des années 60, 70, tels Led Zeppelin, Fleetwood Mac, King Crimson… Sans doute ces « covers » ont-ils eu une réception particulière auprès des auditeurs, pour que le quartet se décide à consacrer tout un enregistrement à des reprises, ici bien ciblées.
Les thèmes de Bob Dylan sont d’ailleurs bien prisés en ce moment, principalement ceux de ses mêmes années 60/70 : après Jamie Saft (« Trouble » Tzadik 8111) en 2006 et, plus récemment Jef Lee Johnson (« The Zimmermann Shadow » Nato/Hope Street 8), DEEP SCHROTT reprend neuf titres de Robert Zimmermann. Le quartet complète ses reprises avec quatre thèmes de Hans Eisler, dont il convient aussi de souligner sa perpétuelle actualité (cf. Das Kapital…).
Davantage que les autres interprètes susnommés de Dylan, les quatre saxophonistes, à savoir Dirk Raulf, Wollie Kaiser (tous deux participent aussi depuis près de vingt-cinq ans au Kölner Saxophon Mafia), Andreas Kaling et Jan Klare réinventent les thèmes en les inscrivant chacun dans une sonorité particulière, parfois pleine de verve, parfois bien sombre voire sépulcrale : dans « Blowing in the Wind » les sons grouillent, semblent se chercher, hésitent, et parfois émerge le thème de la chanson. Les arrangements opérés par l’un ou l’autre musicien semblent vouloir découvrir derrière les mélodies initiales une réalité plus complexe et étonnante au point que celles-ci, reprises par l’un ou l’autre instrumentiste, n’apparaissent pas toujours de manière pleinement reconnaissable. Plus identifiables, les quatre thèmes d’Eisler offrent cette même variété d’approche, telle l’âpreté de « Lob des Kommunismus », le côté plus enjoué de « An den kleinen Radioapparat », ou l’aspect volontaire de « Die freie Wirtschaft » ou le plus mélancolique « Das vielleicht-Lied ».
Bien sûr, au-delà du caractère conféré aux diverses reprises, c’est le travail sonore varié effectué sur les saxophones basses (chacun des musiciens en ayant un autre modèle !) qui retient aussi l’attention de l’auditeur.

PIERRE DURR

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