SCHRAFFUR

FRITZ HAUSER

SHIIIN SHIIIN 7

Distribution : Metamkine

CD

Schraffur, éclosion, le titre est direct et indique un programme réalisé avec application. Un seul instrument : un gong thaïlandais d’assez petite taille. Un seul accès : une tige de métal. Un seul mode de jeu : un constant frottement régulier en va et vient à la vitesse d’environ 260 battements à la minute. Une seule progression : de l’instrument étouffé vers l’instrument relâché. Une durée : presque une heure.  
Un dispositif réduit donc pour une approche première de l’instrument révélant sa substance par l’excitation continue de sa surface, de ses courbes, de ses aspérités. 
Fritz Hauser se propose-t-il de revenir aux sources d’un étonnement sonore qui naît avant toute articulation, avant que l’instrument soit en quelque sorte instrumentalisé, c’est à dire avant qu’il ne soit utilisé dans l’intention d’expression ou dans l’intention de formes ? Ou s’agit-il de la jouissance de vivre l’expérience de la constante répétition d’un geste sur un corps sonore qui peu à peu et à force, fait entendre entre autres ses harmoniques et révèle le lieu et son acoustique ? S’agit-il d’une nostalgie enfantine qui demande à vérifier l’apparition d’un génie à force de frotter du métal ? Ou bien, la découverte tardive du geste minimaliste qui permet que d’une seule action continue se déploie du son dans l’espace ? 
L’enregistrement (d’une facture technique irréprochable) fait de cet objet sonore un objet plastique. On songe à Marcel Duchamp et sa Sculpture Musicale bien qu’ici une seule source sonore soit employée au lieu de faire vivre l’espace par le jeu de la localisation de multiples sources. Il permet de vivre l’expérience de cette sculpture dans l’espace étroit de la stéréophonie. On peut appréhender cet objet plastique en toute disponibilité ou l’ignorer si on passe trop vite.

BAKU

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