GRÜN IST GRAU

RAVI SHARDJA

GRAUTAG RECORDS GTR#005

Distribution : Staalplaat

LP

Ce disque me perturbe. Ce qui m’a poussé à l’écouter énormément (bizarrement !) et je crois que je n’ai jamais pris le luxe d’écouter autant de fois un disque avant de le chroniquer. Si l’on parle de façon globale je ne sais pas si c’est la production qui veut ça, ou bien l’ordre des morceaux peut-être, mais il y résonne (réaction en miroir au magma sonore proposé) une atmosphère de démo. Depuis la première écoute cette sensation ne veut pas me lâcher. Assez désagréable sensation j’en conviens. Principalement ce pourquoi je me suis quelque peu forcé à écouter un maximum de fois ce (long) disque. Désagréable pour l’auteur car le terme démo peut être péjoratif, sauf et je pense que c’est le cas, le niveau des démos dès la fin des années 90 (période où j’en écoutais le plus) était modestement plus que correct. Je pense à un artiste de l’ouest de la France qui a officié bien longtemps sous les noms de Scopa ou Opia en format cassette. On l’avait retrouvé plus tard sur une compilation vinyle du label britannique Earworm. Malaxage d’electronica et de pop lo-fi vaporeuses. Dans une « énergie » (si on peut dire) ambiant. Avec des soubresauts d’abstract hip hop. Voilà pour la vision globale de la chose. Plus en détails, et en me renseignant un peu sur le label et sur l’artiste, il s’agit d’un double vinyle, une pièce par face, paru sur le jeune label berlinois Grautag records. Disque inclus dans un catalogue ouvertement soucieux de donner un cadre et d’offrir une collection sur le thème de l’urbanisme et de la dystopie, vision imaginaire et contre-utopique d’une société, d’où ce lien avec l’urbanisme jusque dans la pochette par Nicolas Moulin, instigateur du label en question. Et jusque dans le quasi manifeste « d’imposer/inciter » une vision pessimiste à l’artiste. A propos de l’artiste, que je ne connaissais pas, il en est loin de la démo. Il est surtout connu pour participer au collectif Gol (Jean-Marcel Busson, Frederic Rebotier, et Samon Takahashi) et a sorti des disques chez Stembogen ou Suara records, dont ceux de Gol avec Charlemagne Palestine, un autre avec Ian Dumitrescu ou encore un avec Charles Hayward. Après ces quatres pièces d’un bon gros quart d’heure chacune, ma préférence va largement aux deux dernières. Bien plus abstraites, moins de guitares « pop lo-fi », et bien plus profondes que les deux premières. Qui sonnent comme du Maurizio Bianchi, notamment sur son disque « Percutionem » chez Rotorelief. M’a causé beaucoup d’ennuis ce disque sur ce que j’allais bien pouvoir vous dire. C’est fait. Je passe à autre chose maintenant.

CYRILLE LANOË

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