ANNUNCIATIONS

FORTNER ANDERSON

LES BLOCS ERRANTS 9782981285720

Distribution : Metamkine

3CDS+LIVRE

Fortner Anderson est un poète performer originaire du Midwest américain vivant à Montréal. Un exil qui dure et qui a trouvé plusieurs connexions dont celle avec la bouillonnante scène montréalaise autour des activités du lieu La Casa del Popolo, qui a vu naitre notamment les projets autour du groupe post-rock-progressif Godspeed you ! black emperor. Des connexions aussi avec sa scène des musiques électroacoustiques via des collaborations avec Alexandre st Onge et Sam Shalabi. Quatrième disque à son actif, « Annunciations » est construit sur un système de « commande », un peu comme le disque de Thurston Moore « Root » (lo-recordings, cd/lp, 1999) sur lequel le guitariste convoque trente artistes à remixer des parties guitares créées par Thurston pour l’occasion. La variante ici est que l’on a donné des textes à lire au poète et qui ont ensuite été remis à plusieurs artistes issus principalement des sphères des musiques électroacoustiques au sens large : Ned Bouhalassa, Andy Williamson, Christian Calon, Nicolas Bernier, Martine Crispo, Chantal Dumas, Alessandro Bosetti, Christian Kesten et John Berndt pour en faire bien sur bon usage, dans des créations sonores qui sonnent évidemment poésie sonore et musique électroacoustique. Trois cd encartonnés et un livre (que je n’ai pas eu avec la copie promo et dont je ne peux évidemment moins vous parler). Une présentation à s’y méprendre avec les structures en place telles Dame et Empreintes Digitales. Nous ne sommes malgré tout pas véritablement dans de la poésie sonore telle qu’on l’entend (ne vous attendez pas à du Paul Dutton par exemple), mais plus dans de la lecture, dans le spoken word. Lecture de textes choisis à tendance environnementale et politique. Autour de textes sur les changements climatiques, sur Guantanamo ou encore sur des rapports de missions spatiales, Fortner Anderson a toutefois réinterprété ces textes sous une forme poétique. Surtout sur la pièce de Chantal Dumas, « It’s a small world ». Celle d’Alessandro Bosetti est plus que surprenante, virant chanson minimale proche de Ghedalia Tazartés ou David Fenech, voire Robert Wyatt. Quand je vous dit surprenant. Dans l’écoute chronologique des trois cds, cette pièce « It Is Amazing (C’est surprenant, en français, ndlr) (Gesualdo’s waterboarding) » tombe à pic. Et annonce le meilleur cd des trois. Non pas que je m’ennuie, mais pas forcément surpris jusque là. Dû surement aussi au texte pas facile à digérer puisque très pregnant, pour nous non-anglophones. Donc on s’en remet au sonore, qui lui était jusque là un peu formel, sans éclat. Décidément ce troisième cd compile les trois pièces les plus expérimentales, celle de Christian Kesten avec un vrai remix et un travail sur les hésitations et le souffle naturel de Fortner Anderson, qui prend à contre-pied tout le monde, personne n’y ayant pensé jusque là. Pour finir sur une composition plus tendue par John Berndt. Parfois proche du spoken word de Jello Biafra (ex Dead Kennedys) qui a lui aussi travaillé sur Guantanamo sur son disque « Jello Biafra & the Guantanamo School of Medicine », voire Henry Rollins. J’ai mis beaucoup de temps à essayer de comprendre ce disque. Pas véritablement facile d’accès pour moi. Bien content malgré tout d’avoir insisté et découvert ce formidable troisième disque.

CYRILLE LANOË

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