TOKYO 1972

ELETOPA

SPLIT RECORDS SPLIT23

Distribution : Metamkine

LP/CD

On ouvre les archives. Pour notre plus grand bonheur bien sur. Un bonheur de découvrir l’histoire, ou plutôt ce qui a fait l’histoire. L’histoire des musiques électroacoustiques. Une électroacoustique des possibles, de tous les possibles. Avec les moyens de l’époque, avec les idées (larges) de l’époque. Un champ des possibles ancré dans les musiques contemporaines, en cette fin des années 60, début des années 70. Une expérimentation des possibles, ouverte sur un questionnement autour de la composition. Autour de l’improvisation. Une remise en question de l’espace, remise en question de « l’esprit groupe », tirant vers l’ensemble, avec les idées de l’époque comme je disais plus haut. Les Australiens de TELETOPA Geoffray Collins, Peter Evans, David Ahern et Roger Frampton ont su faire le grand écart entre leur lointain pays et le vieux continent. Le quatuor s’inscrit dans ces mouvements (un peu dada parfois) européens immergés dans la création de nouveaux espaces sonores comme chez AMM, Scratch Orchestra, MEV ou encore le Gruppo Di Improvvisazione Nuova Consonanza. Les allers-retours ponctués de participations aux cours de Cornelius Cardew pour David Ahern (que l’on qualifie de membre fondateur de TELETOPA) vont considérablement influer sur les pratiques de son groupe. Il participa aussi à des performances comme celle du « String Trio » de La Monte Young. Dans un esprit rock, la vie du groupe fut assez mouvementée, avec des luttes d’influence notamment. Ce qui causa d’ailleurs l’arrêt définitif de TELETOPA en cette fin d’année 1972. 1972, comme le titre de ce double CD digipack ou triple vinyle !, « Tokyo 1972 ». Deux longues pièces telles un aboutissement d’environ trois années de pratiques et d’expérimentations, enregistrées au NHK de Tokyo en septembre 1972. TELETOPA, et ce pourquoi je parlais de musique contemporaine en préambule, a toujours bénéficié du soutien des institutions culturelles. Un vrai courage que de vouloir marquer de leur empreinte l’histoire des musiques, avec un vrai engagement et la remise en cause de représentations publiques. TELETOPA était capable de jouer, et de jouer fort si possible, de longues performances comme ici, où il invitait le public à déambuler par exemple. C’est par ce type de pratiques qu’ils ont dû entre autres, attirer l’attention du premier séminaire tenu en Australie sur les musiques électroniques (« The State of The Art of Electronic Music In Australia »). TELETOPA a voulu mettre l’accent sur l’utilisation d’objets du quotidien amplifiés, à l’aide de micro contacts. Dans un esprit proche d’Alvin Curran ou David Tudor. Une bouffée d’oxygène qui, il est à peu près sûr, a marqué les mouvements de l’ « instant composing », de tout un pan des pratiques que l’on connait mieux maintenant, AMM en tête. Un souvenir qui semble intact, à en lire les notes de pochette, d’une musique profondément moderne. Un bel objet à découvrir vite.

CYRILLE LANOË

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