ENDWINE/PROPLETAM / ID / GAIA / WINNA

VA BITTOVA

ENDWINE/PROPLETAM

PAVIAN RECORDS PM0079-2

Distribution : Indies Scope

CD

NOCZ & IVA BITTOVA

ID

HEVHETIA

Distribution : Indies Scope

CD

RADUZA

GAIA

RADUZA RECORDS RR05

Distribution : Indies Scope

CD

TARA FUKI

WINNA

INDIES SCOPE MAM 551-2

Distribution : Indies Scope

CD

Ces quatre enregistrements tchèques ont pour point commun d’être consacrés principalement à la voix. La voix (celle d’Iva BITTOVÁ) s’accompagnant du violon (en dehors d’une pièce a capella, Ruza ) ou en invitée d’une formation de jazz improvisé, celles des deux violoncellistes de TARA FUKI, enfin celle de RADUZA, qui, depuis ses premiers enregistrements, multiplie sa palette instrumentale et ses invités… mais des univers musicaux assez différents. 
La première est bien connue, depuis ses enregistrements à la fin des années 80 avec le groupe Dunaj ou avec le batteur Pavel Fajt. Retour aux sources peut-être puisque elle publie son dernier opus sur le label slovaque qui édita son premier solo en 1991. Un album qui fait suite aux récents fragments parus chez ECM en 2013, et qui s’inscrit dans une certaine spiritualité, celle de l’église Saint-Jean-Népomucène de Zelena Hora où elle enregistra déjà en 1997 les « 44 Duets For Two Violins » de Bartók avec Dorothea Ida Kellerová. Fidèle à l’esprit du lieu, sa légende et sa configuration (un plan étoilé en cinq branches), elle improvise cinq pièces, qu’elle alterne avec sept autres titres dont les textes sont dûs entre autres à un écrivain morave (Jan Skacel), à une tzigane rescapée de la Shoah (Ruzena Danielova), à Gertrude Stein, à Chris Cutler (le titre figurait déjà dans son trio avec Gian Ryley et Evan Ziporyn) et à elle-même. Un enregistrement qui bénéficie aussi des qualités acoustiques de l’église… et dédié par ailleurs à Vaclav Havel!
On connait moins Iva BITTOVÁ dans un environnement plus jazz, quoiqu’il y ait des témoignages enregistrés tel le concert conçu en 2007 lors de l’anniversaire de sa sœur Ida Kelarova*, ou le quartet avec George Mraz et Emil Viclicky la même année**. D’ailleurs un de ses premiers enregistrements fut au sein de la formation du flûtiste Jiri Stivin*** en 1987. NOCZ est un quartet tchéco-norvégien, dirigé par le trompettiste Didrik Ingvaldsen, lequel use aussi d’effets divers et dans lequel officie un autre cuivre, Radim Hanousek (saxes), ainsi qu’une section rythmique (Marian Friedl, contrebasse et Václav Pálka, batterie). Cet enregistrement avec la violoniste/chanteuse (elle est présente sur 9 des 14 titres) est leur second. La musique se partage entre des titres offrant des lignes mélodiques habituelles et traditionnelles (Bio – Bio, J.Dock, First Floor), auxquelles la voix d’Iva se plie volontiers et d’autres plus aventureux, voire dissonants (Sonnenallee) dans lesquels les effets de voix, le travail du violon se combinent à des cuivres survoltés (Dam Daka, XXX-YYY).
Créé à l’aube du siècle, TARA FUKI est le duo entre Dorota Barová et Andrea Konstankiewics, toutes deux violoncellistes et chanteuses, et offre avec ce Winna son 5e opus. Leur musique, qui ici se suffit à elle-même – ni rajout d’électronique, ni invités, ni autres instruments comme dans le précèdent, sens, à part un effet d’orage dans la transition entre Anna et Zavrat – est toujours dans cette forme de folk de chambre contemporain et minimal, marquée par la mélancolie. Les violoncelles usent d’effets de répétitions, de boucles, les voix chantées sont parfois doublées d’effets harmoniques sans paroles. En dehors du texte dû à Andrea, Zavrat (vertige en tchèque), les autres, ceux de Dorota, sont en polonais, de même que Anna dû au poète polonais Krzysztof Baczynski**** (dont le duo a souvent repris les écrits dès le premier enregistrement). Il est vrai que la formation est originaire d’Ostrava, ville-frontière et qu’elles ont des ascendances polonaises.
RADŮZA représente la version la plus populaire de ces chanteuses tchèques. Découverte elle aussi il y a un peu plus de douze ans et s’accompagnant alors d’un accordéon, voire d’une guitare, elle semble privilégier de plus en plus le piano et s’éloigne ainsi de son environnement « canaille » qui la caractérisait… d’autant plus qu’elle offre un côté moins personnel mais plus méditatif lié à l’appréhension de la Terre (Gaïa), du devenir de l’humanité (Babylónská Věž, Poslední Cestující, Tenkrát V Ráji – Tour de Babel, Derniers passages, Un jour au paradis…)
*DVD Jazz Indies MAM 440-9
** MRAZ/BITTOVA Moravian Gems Cube-Metier MJCD2736
*** Jiri STIVIN Status Quo Vadis Supraphon 1115 3967 H 
**** abattu à 23 ans lors de l’insurrection de Varsovie en août 1944…

PIERRE DURR

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