WWH 26

Anna Raimondo, Nuove frontiere del benessere dell’ecosistema vaginale #1 – Rome (2017). Par gentille concession de l’artiste et Ex Elettrofonica.

Conçue et réalisée par Carole Rieussec et Elena Biserna
Graphisme et mise en ligne : Lionel Palun


Nouveaux genres d’écoute.
Rencontre avec Anna Raimondo

wi watt’heure #26 dialogue avec Anna Raimondo et choisit de le faire dans son milieu d’action privilégié : l’espace radiophonique. Elena invite Anna pour une séance d’écoute publique dans l’atelier Euphonia à Marseille, en collaboration avec La Membrane et Radio Grenouille.
wi watt’heure s’irradie sur les ondes.
Cette conversation est pensée comme un espace de partage et réflexion autour du travail de l’artiste, notamment sa recherche sur la voix dans la sphère publique et son engagement avec les pratiques et les théories féministes. Anna utilise la voix et l’écoute comme des plateformes de rencontre, de collaboration et d’échange, des outils de diffraction des identités. En questionnant les limites entre le public et le privé ainsi qu’entre les genres et les connotations qu’y sont associées, elle réactive ou déconstruit des imaginaires et des pratiques culturelles (de la figure de la sirène aux chansons pop jusqu’aux encouragements et aux dictons) pour rejouer et fluidifier les notions d’identité et de subjectivité. Finalement, il s’agit d’écouter et d’interroger – souvent avec ironie – la place des femmes dans la sphère publique et, plus généralement, notre relation à l’Autre.

Pour accompagner cette séance d’écoute, wi watt’heure #26 présente également une sélection des projets performatifs et visuels de l’artiste.

Anna Raimondo en conversation avec Elena Biserna

Une séance d’écoute et projections d’Anna Raimondo organisée par La Membrane et l’Atelier-Studio Euphonia à Marseille le 19 décembre 2018, à l’occasion de la sortie de wi watt’heure #26.

Anna Raimondo, How to make your day exciting, 2012
Performance dans l’espace public, vidéo HD, 16/9, 5 : 28. Par gentille concession de l’artiste.

L’artiste a réalisé une composition avec des sons d’orgasmes d’actrices porno. Elle s’est ensuite promenée dans les transports en commun de Londres en l’écoutant avec des oreillettes. Le volume était assez fort pour que son écoute privée devienne publique.

Anna Raimondo, Encouragements, 2014
Performance dans l’espace public, vidéo HD, 16/9, 9 : 26. Par gentille concession de l’artiste et Arte Contemporanea Bruxelles.

Après avoir demandé des phrases d’encouragement à des femmes de diverses origines, cultures, religions, âges et orientations sexuelles, l’artiste traverse l’espace public bruxellois en les utilisant dans une conversation fictive avec son portable.

Anna Raimondo, Féminisme quotidien #1 – Voyage au Maroc, 2017
5 t-shirts sérigraphiés (édition limitée), série de photos (10,5 x 15 cm), enregistrements et écritures murales. Par gentille concession de l’artiste

L’artiste a demandé à des femmes marocaines des phrases qu’elles voulaient partager dans l’espace public pour ensuite les imprimer sur des t-shirts. Ainsi, une nouvelle marque de t-shirts démarre : « féminisme quotidien ». Raimondo sort dans la ville de Rabat habillée avec les t-shirts et demande aux gens de la prendre en photo devant les lieux le plus significatifs de la ville. En articulant spontanéité et désir de communication, le projet évoque la relation entre le privé et le public et les difficultés des femmes à s’exprimer dans une société patriarcale.

Performance, vidéo HD, 16/9, 02 : 05. Par gentille concession de l’artiste

L’identité est un espace difficile à maîtriser et fort politisé. Les théories féministes poststructuralistes défendent l’idée d’une identité mouvante et en perpétuel changement, en opposition aux recherches existentielles classiques. Pour illustrer les limites de toute définition, Anna Raimondo se prend un seau d’eau de la part d’un inconnu à chacun des mots qu’elle emploie pour essayer de définir son identité : femme, féministe, italienne, artiste vivant à Londres, etc. L’eau qu’elle reçoit en plein visage traduit à la fois l’innocence et la violence d’un tel geste. L’action évoque les rituels de passage comme celui du baptême et fait allusion à la fluidité, à l’instabilité et au changement permanent. Cette performance vise à aborder l’un des problèmes les plus épineux de notre époque : celui de l’identité et de la réduction de sa complexité devenu un champ de bataille politique.

Anna Raimondo, Everyone is a mermaid, 2016
Passe tête, impression numérique, stand en bois, 2,00 x 2,81 m
Par gentille concession de l’artiste

Le public est invité à devenir une sirène à Bruxelles. Au delà de l’aspect ludique du travail et au delà de sa fonction, qui joue sur les codes du tourisme pour attirer des spectateurs variés, cette invitation questionne aussi la nature (trans)sexuelle et genrée de la sirène.

Anna Raimondo, DIVINA!, 2017
Vidéo HD, 16/9, 3 : 05. Performer : Divina Tota. Par gentille concession de l’artiste et Ex Elettrofonica

Pendant un séjour au Chili, l’artiste rencontre dans un bar la drag queen Divina Tota lors d’une de ses performances de doublage – de « voice lifting », comme elle les définit. Divina Tota concilie des oppositions apparentes : un look post punk/gothique et un répertoire hyper féminin ; le « lifting » de sa voix et un corps complètement caractérisé. Dans la vidéo, elle double Malambo n.1 de la soprano Yma Sumac devant l’océan Pacifique. L’océan devient un symbole de la ville de Valparaiso et, plus généralement, une référence à la féminité elle-même. Comme souvent dans le travail d’Anna Raimondo, la mer est une métaphore à la fois utopique et dystopique renvoyant à une barrière géographique mais également à l’annulation de l’idée de limite elle-même.

Anna Raimondo, Nuevas Fronteras del Bienestar del Ecosistema Vaginal #4

Santa Cruz de Tenerife, 2018. Carte (92 x 61 cm) et photos (dimensions variables). Par gentille concession de l’artiste et du TEA Tenerife Espacio de las Artes.

Nouvelles frontières du bien-être de l’écosystème vaginal est un projet itinérant ancré dans une recherche in situ et dans un travail participatif pour questionner la présence et l’expérience des femmes et des personnes queer dans leurs villes. Via l’écoute, l’oralité et la création de nouveaux espaces d’imagination, de confrontation et de dialogue, Nouvelles frontières du bien-être de l’écosystème vaginal devient une plateforme de réflexion et proposition pour explorer et redéfinir la place des femmes dans l’espace public. Le projet interroge, plus particulièrement, les relations entre espace, genres, comportements sociaux, pouvoirs, éducation et urbanisme à partir de la rencontre, du témoignage et de la vision des vies quotidiennes de femmes de différents milieux socio-culturels. Le projet a été initié en 2017 à Rome (Italie) et Valparaiso (Chile), pour continuer en 2018 à Santa Cruz de Tenerife (Espagne). wi watt’heure #26 présente la cartographie participative et une sélection de trois photos créées pour ce dernier volet du projet.

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