S/T / IMPROVISORS / JOYOUS JUNCTURES / DARKVOICE

MONOPIECE / JAAP BLONK

S/T

SHHPUMA RECORDS

SHH052 – 2019

UTE WASSERMANN / JAAP BLONK / MICHAEL VORFELD

IMPROVISORS

KONTRANSCD 965 – 2019

CD

JAAP BLONK

JOYOUS JUNCTURES

EH107 – 2019

CASSETTE

JÖRG PIRINGER

DARKVOICE

TRANSACOUSTIC RESEARCH

CD

près son incursion dans le futurisme (russe) en compagnie de Simon Nabatov – il est vrai qu’il est aussi féru du dadaïsme et du Merz – Jaap Blonk poursuit ses pratiques improvisatrices d’une part dans sa série Improvisors, d’autre part avec un trio de la côte Ouest américaine, Monopiece. Monopiece, c’est un jeune trio, apparemment issu du Mills College d’Oakland : Nathan Corder à l’électronique, Matt Robidoux à la guitare, Timothy Russell aux percussions. Encore peu connu, quoique le guitariste ait une activité déjà reconnue (cassettes et installations sonores), Monopiece pratique une improvisation plutôt jusqu’au-boutiste où les sons des instruments s’entrechoquent, bruissent, crachent leurs décibels et créent un chaos sonore plein de stridences, dans lequel Jaap Blonk s’insère parfaitement avec ses borborygmes, soupirs, cris, vagissements, tantôt survoltés, parfois plus apaisants.
En contrepoint, quoique tout aussi improvisé, le trio que propose Jaap Blonk avec Ute Wassermann et Michael Vorfeld apparaît presque comme un havre de sérénité, ou du moins plus écologique, bien que l’électronique soit aussi de la partie. Il est vrai que l’approche des instruments – très variés (vents, cordes, percussions), notamment en ce qui concerne Ute Wassermann (avec ses divers appeaux, vibratone, frog buzzer et autre mirliton) – y est plus nuancée.
L’amateur d’exercices vocaux peut aussi trouver son bonheur dans l’exercice soliste, d’abord avec Jaap Blonk lui-même, à travers une K7 assez confidentielle (mais téléchargeable à l’aide d’un code), Joyous Junctures, offrant près de deux douzaines de courtes pièces, ludiques, poétiques, parfois discrètement sous-tendues d’échantillonnages dont une voix féminine (« Squares Be Gone »), mais aussi de la part de Jörg Piringer et son Darkvoice. Sans doute moins connu que Blonk, il s’est produit plusieurs fois à Strasbourg, notamment lors du festival Exhibitronic en 2016, en compagnie justement de Jaap Blonk, mais aussi de Joachim Montessuis et Julien Ottavi (JJJJ !). Autrichien, cofondateur de l’Institut of Transacoustic Research et du Vegetable Orchestra, il fut actif dans la poésie sonore interactive sur le net au tournant du millénaire, et Darkvoice est son second opus personnel, après Vokal en 2003. Un brin déstabilisant d’ailleurs, parce qu’il s’agit d’un album conceptuel, dans lequel tout au long des 11 titres, la voix s’efface devant sa transformation et les manipulations numériques pour aller à la recherche, et la transcription d’un langage post-informatique, un langage codé, secret, mais habillé de rythmes divers, d’effets variés, parfois apocalyptiques, parfois ironiques et mordants.

PIERRE DURR

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