A DESCENT INTO THE MAELSTROM

PHILIPPE PETIT

OPA-LOKA 1903 – 2019

CD

À ne pas confondre avec son homonyme guitariste de jazz, Philippe Petit est, comme il aime à se définir, un musicien « agent de voyages » qui a joué en Europe, au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Australie et en Asie. Il collabore depuis 30 ans à de nombreux labels indépendants, et dirige lui-même deux labels, Pandemonium Rdz et BiP_HOp. Ayant étudié la musique électroacoustique au Conservatoire de Marseille et s’étant spécialisé dans la spatialisation acousmatique et les synthétiseurs modulaires, il utilise ici le Music Easel, synthétiseur analogique modulaire inventé par un précurseur de ce type d’instruments, au même titre que Robert Moog, Don Buchla. Le Buchla Music Easel est ici connecté à un amplificateur Avantone Pro-CLA-200, et enregistré sur deux pistes séparées, chacune étant traitée différemment par un filtre afin de créer une véritable spatialisation stéréo et des connexions possibles entre les séquenceurs (ceci dit sous réserve de ma bonne interprétation, car je ne suis pas du tout spécialiste des termes techniques). De par l’utilisation de cet instrument vintage, Philippe Petit nous invite à un retour aux sons des années 60-70, à l’époque des premiers épisodes de Star Trek, de la Messe pour le temps présent de Pierre Henry et Michel Colombier, des premiers satellites Telstar et du « Telstar » joué par les Tornados, les Ventures et même les Compagnons de la Chanson… Bref, aux débuts de la conquête spatiale et de sa récupération par les imaginaires littéraires, filmiques et musicaux, ce qui tombe bien puisque A Descent Into The Maelstrom est le titre d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe qui préfigurait la science-fiction (le même titre ayant été choisi par Philip Glass pour une de ses compositions des années 80). Bien qu’elle n’empêche pas l’émergence de quelques soubassements (évoquant le son de guitares amplifiées), la musique électronique jouée par Philippe Petit sur le Music Easel privilégie néanmoins les bips, ce qui nous place donc immédiatement dans l’ambiance précitée, sans effort à fournir. Ce voyage cosmique en trois parties se crée avant tout par la succession de sons brefs (que certains trouveront peut-être anecdotiques), à contre-courant d’autres musiques électroniques plus soucieuses de drones ou de continuités.

CLAUDE COLPAERT

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