HÜMA UTKU / KAJSA MAGNARSSON

HÜMA UTKU

THE PSYCHOLOGIST

EDITIONS MEGO, CD/LP, EMEGO302 – 2022

Le titre de l’album de Hüma Utku est loin d’être fortuit. Originaire d’Istanbul mais résidente berlinoise, la musicienne est en effet également diplômée en psychologie. D’où, déjà, un premier enregistrement, Gnosis paru en 2019 (KarlRecords), dans lequel elle explorait l’idée de connaissance en combinant électronique et enregistrements de terrain captés en Grèce, en Turquie et en Égypte. Ici, elle explore d’autres ressorts, plus intimes, de la condition humaine. Pour cette nouvelle introspection, son travail électronique est relayé par des instrumentistes, en l’occurrence des cordes (la contrebasse d’Adam Pultz Melbye, le violoncelle de Florina Speth, le violon de Marta Forsberg), dont le rôle n’est pas anecdotique. La contrebasse offrant un background grave vrombissant (« Sublimation »), les effets sur les cordes (« Islands of Consciousness »), leur frottement lugubre (« Rüya, (Şimdiki Zaman Kipinde) »), contribuent largement à ces études sonores des ressorts intimes de la psychologie humaine, extension et enrichissement de la trame électronique concoctée par Utku. De même que le piano, dont joue la compositrice, dans « Light of all Lights » sur un mode grave, ou dans « Continuing Bonds » avec un jeu plus volubile. Si l’auditeur peut être particulièrement attiré par les climats offerts par « Sublimation », il ne peut pas non plus rester insensible au déroulement sonore de « Chironian Wound », avec ses stridences et des sons faisant penser à ceux des appareillages entourant un malade incurable.


KAJSA MAGNARSSON

NEW AGE SOUND AESTHETICS

OUTERDISK, CD, OD21212 – 2023

Se définissant comme artiste sonore, la Suédoise Kajsa Magnarsson revendique une inspiration différente. L’aspect ludique, la confrontation du sérieux et de l’humour confèrent à ses propositions une approche plus empathique. Dans un précédent opus, Kompisitioner, paru en 2022, elle s’était associée à la violoniste Marta Forsberg, celle-là même qui participe à The Psychologist. Ce New Age Sound Aesthetics, que Kajsa a réalisé seule, dégage assurément des ondes plutôt positives (peut-être symbolisées par l’image de la pochette intérieure, avec ses champs de fraises – pour toujours ?). C’est particulièrement vrai pour l’enjoué « Play », avec ses sonorités chatoyantes, ou chamarrées dans « Affirmation », ou avec le presque symphonique « Growth ». Des effets de voix, tantôt masculines, tantôt féminines ponctuent « Meditation ». On note aussi une courte ode à l’univers marin à travers l’évocation des baleines (« Whale Stretch »). L’univers d’un nouvel âge ? Le travail sonore de la Suédoise est cependant plus riche et nuancé que ce que l’on qualifie généralement de musique new-age : elle peut même être rythmée, percussive, mouvementée, faite de couches sonores superposées, l’une apparaissant comme une trame de rouleau compresseur (« Energy »). Énergie positive.

Pierre DURR

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