PAW MUSIC

ÉN / Q. / AHAD

RONDA LABEL RND14

Distribution : Metamkine

CD

Fruit d’une collaboration éphémère – enregistrée en août 2002 dans un studio situé sur l’Île Marguerite à Budapest –, “Paw Music” claque comme un coup de feu au détour d’une BD. Du moins le titre générique. En fouillant les pages d’un dico anglo-saxon, on peut trouver parmi les occurrences pour traduire Paw, une version argotique de “tripoter”. Ma foi, ce terme conviendrait bien comme définition de ces manipulations débouchant sur une tambouille à base de scories. À bord de cet assemblage, trois intervenants cachés par des identités absconses. Deux Hongrois : Pál Tóth – appareils électroniques, objets, microphones de contact et voix – et Zsolt Sörés – violon alto, synthétiseur analogique, objets, microphones de contact, feedback et voix ; un Français : Quentin Rollet : saxophone alto, microphone, feedback et voix. Chacun des trois possède un pedigree long comme le bras, qui dans les musiques improvisées et/ou free jazz, qui dans le rock ou assimilé, au contact de chorégraphes et poètes, aux manettes d’un label discographique ou à la production d’émissions radiophoniques, voire même dans la peau d’un barman. Après consultation des listes fournies de leurs coopérations, je tire la conclusion que nous avons tous croisé l’un de leurs partenaires multiples quelque part. Partis d’interjections a capella – des interludes vocaux qui tiennent plutôt de gags –, les protagonistes passent à des élaborations plus consistantes quand ils se mettent à associer les sonorités de leurs différents ustensiles. Dans ces brouillages d’ondes radio, immersions au sein de plages de parasites, il n’y a guère que les résonances des saxophone et alto qui soient quelque peu identifiables. Les enjeux – comme au cours de bien d’autres improvisations en direct – reposent sur des échanges qui exigent des réponses du tac au tac afin d’atteindre une symbiose aux mouvements amples, où l’auditeur ne sait plus très bien si ce sont les musiciens qui sont responsables des sons qu’ils génèrent, ou si leurs machines n’ont pas fini par prendre le pouvoir. Entre sa date d’enregistrement et celle de sa parution, rien ne dit si ce CD a vieilli en fût de chêne mais il dégage sa part de tanin.

PAUL-YVES BOURAND

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