WIRED OPEN DAY 2009

COMPILATION

TAÏGA TAÏGA 19

Distribution : Metamkine

LP

Un label, Taïga records, deux vinyles, cinq artistes, quatre pièces. Quatre visions sonores d’un même site, du Sud Ouest de l’Australie. Captées à plusieurs moments d’une même journée. Une installation pharaonique, faite de câbles télégraphiques tirés sur des centaines de mètres, mise en œuvre par l’artiste Alan Lamb. Fruit d’une résidence avec le Wired Lab entre 2008 et 2009, les propositions des artistes Garry Bradbury, Alan Lamb, David Burraston, Oren Ambarchi et Robin Fox résultent d’une longue communion avec l’espace sauvage qui s’est ouvert à eux, comme la photo intérieure s’ouvre à nous avec ce magnifique gatefold. Aridité à perte de vue. Aridité sonore perceptible dès l’entame, avec le duo Garry Bradbury/Alan Lamb. Un continuum de séquences à l’archet sur ces câbles dont le drone rappelle le duo Matt de Gennaro/Alastair Galbraith, jusque dans le titre avec « Wire music » sur Corpus Hermeticum. Alan Lamb s’associe ensuite avec David Burraston pour une pièce complétement électroacoustique. Récupération d’ondes, de fréquences à base de field recordings, et de séquences préparées. Entre l’esprit acousmatique du label Empreintes Digitales et l’artiste Biosphere. Mais qui me rappelle également le travail de Joyce Hinterding, un artiste lui aussi australien, avec ses captations à l’aide d’une antenne, de sources magnétiques et de satellites météo sur son disque, qui date un peu, « Spectral » (Antiopic). Pour finir en une courte improvisation noise qui tranche un peu avec ce surplace très magnétique. Le troisième passage laisse la place à Oren Ambarchi. Plus dans l’esprit de ses escapades chez Tzadik que chez Touch. On reconnait son sens du drone et de la réverbération. Mais également ses aptitudes à aller trainer vers le contemporain avec une ouverture très électroacoustique. Une simple excursion qui rend possible de longues résonances aiguës et très noise. Pour une fin profonde autour d’un moteur vrombissant mais a priori en fin de vie. Presque apocalyptique et inspiré de son passage avec Sunn))) O. Un délice. Robin Fox a la lourde tâche de clôturer le disque. Car la barre est assez haute jusque là. Et l’artiste en art audio-visuel s’en tire plus que bien et nous envoie des bribes de fréquences sabrées directement dans le rouge, pour s’épousseter dans un magma noise de haute volée. C’est basique, certes, jusque dans les électroniques qui apparaissent en milieu de pièce, et qui nous rappellent qu’il sort des disques chez Mego. Mais ce n’est pas ce qu’il y a de mieux à retenir de cette pièce. Les ondulations finales montrent un visage organique qui nous fait redescendre tranquillement sur terre. Malgré son prix, un très beau disque. Bientôt épuisé.

CYRILLE LANOË

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