WWH 19

Sept artistes, six femmes, un homme jouent pour Dominique Répécaud  : Tenko, Barbara Dang, Catherine Jauniaux, Natacha Muslera, Françoise Rivalland, Isabelle Duthoit et Anthony Laguerre.

Ces musiques, ce texte sonore, ces dessins parlent de Dominique.

Nous éprouvons le manque, le silence désormais … à moins que nous le convoquions encore et encore et encore dans nos sons, nos mots, nos gestes, nos pensées, nos désirs, nos insoumissions.

Dominique es-tu là ?

To Dominique Répécaud

When I think about « absence”, I freeze in terror.
It feels like Ice is pressed against my heart.
It’s pain rather than sorrow.
We will not meet again and there will be no chance to laugh together.
The future has suddenly cut off.
« Hello, Tenko.” Your voice is still around me.
« Hey, Dominique! » Then I respond to you.
Thank you for a lot of gifts to us.
I will never forget about you.

…………………………………………

À Dominique Répécaud

Quand je pense à «l’absence», je gèle dans la terreur.
On dirait que Ice est pressé contre mon cœur.
C’est la douleur plutôt que le chagrin.
Nous ne nous reverrons pas et il n’y aura aucune chance de rire ensemble.
L’avenir a soudainement coupé.
« Bonjour, Tenko. » Votre voix est toujours autour de moi.
« Hé, Dominique! » Ensuite, je vous réponds.
Nous vous remercions de beaucoup de cadeaux pour nous.
Je ne t’oublierai jamais.

« Pour le texte, j’ai choisi du René Daumal car c’est une autre chose fondamentale que je dois
à Dom. En effet, c’est à Vand’oeuvre que j’ai fait ma première mise en scène. J’avais choisi un
roman de René Daumal « La grande beuverie ». C’est pour moi inoubliable et je crois aussi
pour les protagonistes du spectacle, dont Ernest Mollo (rôle principal), tous les autres acteurs
et musiciens.
Voici le poème tiré du recueil Les dernières paroles du poète, poésie noire et poésie blanche.
En le cherchant, j’ai réalisé qu’effectivement c’était le dernier poème, écrit en 1943, de René
Daumal (sic!).
« Les quatre temps cardinaux »
La poule noire de la nuit
vient encore de pondre une aurore
Salut le blanc, salut le jaune,
salut, germe qu’on ne voit pas.
Seigneur Midi, roi d’un instant
au haut du jour frappe le gong.
Salut à l’œil, salut aux dents,
salut au masque dévorant, toujours!
Sur les coussins de l’horizon,
le fruit rouge du souvenir.
Salut, soleil qui sais mourir,
salut, brûleur de nos souillures.
Mais en silence je salue la grande Minuit,
Celle qui veille quand les rois s’agitent.
Fermant les yeux je la vois sans rien voir
par delà les ténèbres.
Fermant l’oreille j’entends son pas qui
ne s’éloigne pas. »
René Daumal
« Le contre ciel » suivi de « Les dernières paroles du poète »
Editions nrf
Poésie/Gallimard

L’espérou

Peu de gens le savent mais Dominique était co-parent d’un joli instrument unique.
« L’espérou », a été inventé pour jouer une oeuvre de Georges Aperghis (5 pièces pour espérou
et violoncelle) qui en fut en quelque sorte le St-Esprit. Très en avance sur son temps, il a donc
eu deux mamans puisqu’il a été conçu par Elena Andreyev et moi-même, deux papas Sylvain
Ravasse qui l’a construit et Dominique Répécaud qui a financé sa fabrication.
En recevant la partition de Georges Aperghis, (à l’origine le titre était : « 5 pièces pour
violoncelle et percussions »), il nous a semblé intéressant plutôt que de chercher une
installation hétéroclite, de créer un instrument qui puisse exprimer autant de cohérence sonore
qu’un violoncelle, tout en permettant des modes de jeux et la virtuosité que demandait la
partition.
Inspiré d’un instrument à cordes sympathiques dont la vie fût de courte durée au X VIllème
siècle, le violon de fer, l’espérou se compose de tiges de fer fichées dans une caisse de
résonance, elle-même équipée de cordes sympathiques qui maintiennent et enrichissent les
sons générés en stimulant les tiges de fer avec des archets ou avec les doigts (frottés, pizz). La
forme de l’instrument permet en outre une utilisation percussive de la caisse de résonance. »
Françoise Rivalland

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